LA MEMOIRE EN MARCHE
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Giovanni Palatucci (1909-1945)

.2009 – Timbre souvenir de Giovanni Palatucci (1909-1945) – Pays émetteur : Italie – Valeur faciale : 60 centimes.

Originaire de la région de Naples, Giovanni Palatucci rejoint en 1937 son poste de commissaire de la Sécurité publique à Fiume après une affectation turinoise peu passionnante. Fiume abrite une communauté juive conséquente au moment des premières lois antisémites. Dès lors que le Duce fait adopter le 17 novembre 1938 une loi destinée à « sauvegarder la race italienne », Giovanni Palatucci choisit son chemin. Profitant des responsabilités inhérentes à sa fonction, il entreprend une tâche magnifique mais éminemment dangereuse: contourner les règlements en vigueur pour apporter son aide à la population juive placée sous sa juridiction. Falsifiant les données administratives officielles, orientant les familles à la dérive vers son oncle Mgr Giuseppe Palatucci, évêque en Campanie, ou apportant son aide logistique et matérielle aux réfugiés, il tente jour après jour de soustraire à leur sort les victimes des lois inadmissibles qui s’abattent sur son pays.

 

En 1943 Mussolini est déchu de son pouvoir, et les forces allemandes s’emparent de Fiume. Devenu préfet, Giovanni subit la pression de l’occupant qui exige de lui qu’il fournisse au plus tôt l’inventaire écrit des familles juives présentes sur le territoire de Fiume. L’urgence de la situation s’impose à lui, et c’est avec ardeur qu’il poursuit sa tâche en « effaçant » administrativement l'identité de centaines de Juifs. Conscient des risques encourus mais refusant d’abandonner son poste, il prend contact avec l’ambassadeur de Suisse en poste à Trieste, un ami de longue date. C’est à lui qu’il confie sa fiancée et la mère de celle-ci, dans l’espoir de les mettre à l’abri. Sa fiancée s’appelait Mika Heisler, elle était juive et elle survécut à la guerre.

 

Ayant infiltré son réseau, la Gestapo finit par démasquer ce préfet si peu efficace et si peu enclin à obéir aux ordres. Accusé de conspiration, il est arrêté le 13 septembre 1944, d’abord enfermé dans la prison de Trieste, puis finalement déporté le 22 octobre dans le camp de Dachau. Les quatre mois passés en déportation seront marqués par la maladie et la souffrance. Il y décèdera le 10 février 1945, à quelques encablures de la libération du camp.

 

La reconnaissance de l’engagement désintéressé de cet homme ne se fera que très tardivement, ses exploits étant restés dans l’ombre pendant de nombreuses années. Il faudra attendre 1995 pour que l’Etat italien lui attribue officiellement la Médaille d’or du Mérite civil.  Quelques années plus tôt, il avait été déclaré Juste parmi les Nations (1990).

 

A son propos, voici ce que disait Amos Luzzatto, Président de l'Union des Communautés juives Italiennes:  "Il existe deux formes d'héroïsme. Celui découlant d'une nécessité inattendue, et celui de Palatucci, un héroïsme quotidien, répété et confirmé, même face à la certitude du danger. Il a continué à agir tout en sachant qu'il se dirigeait vers son propre sacrifice. Pour lui, donner sa vie, même pour un seul homme, était un devoir ".

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