LA MEMOIRE EN MARCHE
Libre, fidèle et indépendante. Jetée au vent de l'espérance, contre l'oubli et pour demain...

La misère aux yeux de fou

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«  Nous voulons tenir, nous nous accrochons. Il y a quelque chose de désespéré dans notre lutte. Nous dépérissons chaque jour davantage et chaque jour, nous devons faire appel à nos ressources d’énergie qui, elles aussi, s’épuisent. Une nourriture insuffisante pour des enfants de 8 ans doit satisfaire des hommes jeunes ou dans la force de l’âge, exposés à toutes sortes d’intempéries, effectuant un travail dur, malades et sans soin. Les chutes sont nombreuses, et au Revier, la mortalité s’accroit dans des proportions inquiétantes. La force morale joue un rôle que l’on ne peut imaginer. Malheur à qui, las de lutter, s’abandonne ».

Agent de la Résistance à Lyon aux côtés de ses parents, René Baumer (1906-1982) assiste sa tante Hélène Roure pour le Bulletin d’information du Bureau de presse de la France combattante. Le 4 avril 1944, la gestapo et la milice l’appréhendent à Vaulx-en-Velin (Rhône). En détention à la prison de Montluc de Lyon, puis au camp de transit de Compiègne, il est déporté au camp de Neuengamme, puis affecté à la fonderie A.F.A dépendant du kommando Stöcken. Face à l’avance des forces alliées, il est ensuite dirigé en avril 1945 sur le camp de Bergen-Belsen. Libéré par les troupes britanniques, il entre le 29 avril à l’hôpital de Bergen. Le 3 juin suivant, il est rapatrié sur Paris.

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A sa manière, qui est simple, et à sa place, qu’il considère modeste, René Baumer a souhaité avec ses notes, dessins et gouaches, graver aussitôt sur du papier sa mémoire immédiate pour que nul n’oublie la tragédie de la Déportation. A la lecture de ce cri de vérité, le désespoir n’est jamais une raison, et l’espoir apparait toujours, malgré tout, comme une indestructible humanisation d’un monde vacillant. Le sensible est aussi un accès à l’indicible. Si les illustrations sont un support du texte, elles sont également la confirmation « que le monde de l’art est la présence de la vie dans ce qui devrait appartenir à la mort ». (André Malraux)

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Dans sa grande majorité, ce récit illustré a été rédigé alors que René Baumer était hospitalisé à Bergen, après sa libération. Y est intégré un « Journal » qui fut quant à lui griffonné par l’auteur sur des lambeaux de papiers grappillés à ses risques et périls. (Texte rédigé à partir de la 4ème de couverture de l’ouvrage)

La misère aux yeux de fou - René BAUMER - Editions BGA PERMEZEL ( 2004) - ISBN 2-909929-22-1

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