Simon WIESENTHAL (1908-2005)
Buczacz (Autriche Hongrie à cette époque), 31 décembre 1908 – Vienne (Autriche), 20 septembre 2005.
Simon Wiesenthal traversa l’univers concentrationnaire durant presque quatre années, survivant miraculeusement aux camps de Plaszow, Gross-Rosen, Buchenwald et Mauthausen. Tout au long de sa détention, une idée fit son chemin, certainement salvatrice. L’idée qu’un jour les bourreaux rendraient compte de leurs actes face aux tribunaux, et que justice serait rendue aux victimes. Dès lors, méthodiquement, Simon Wiesenthal identifia les assassins dont il croisa la route, enregistra les lieux, les faits, pour être capable le moment venu de donner corps à la vérité. Cet engagement, ce défi en quelque sorte puisqu’il se trouvait toujours derrière les barbelés, participa à son combat quotidien pour la vie, et permit dès la libération, pour lui le 5 mai 1945, de nourrir les enquêtes et les procès.
Aussitôt celui de Nuremberg achevé, Simon Wiesenthal activa ses réseaux, partit à la recherche des survivants, archiva leurs témoignages, répertoria les exactions et les massacres, collecta les documents compromettants qui lui permirent au final de désigner les cibles pour la justice. Bénéficiant d’une notoriété internationale, il poussa à l’action gouvernements et services secrets, en les plaçant régulièrement face aux faits établis. Mais c’est pratiquement seul, depuis son bureau autrichien installé à Linz, envahi par des dizaines de milliers de dossiers, qu’il se plongea dans le projet de toute une vie.
Simon Wiesenthal n’appréciait guère son surnom de « chasseur de nazis ». Comme l’indiquait l’historien Tom Segev, « sa contribution principale était son approche humaniste et universelle de l’Holocauste », car pour Simon Wiesenthal, il s’agissait là d’un crime commis contre l’humanité dans sa globalité. Il ne désirait en aucun cas bafouer à son tour cette humanité dans sa propre quête. Une phrase dans sa bouche résumait son point de vue : « Justice n’est pas vengeance ».
Simon Wiesenthal fut d’ailleurs constamment interrogé sur les raisons profondes de son engagement. Il hésitait dans ses réponses. Ce dont il était persuadé, c’était qu’en multipliant les procès, il pouvait espérer barrer la route aux théories négationnistes, et par là même pointer les mécanismes à l’origine de la catastrophe. Plus intimement, se sentant coupable comme tant d’autres d’avoir survécu, il évoquait ses dettes envers ceux qui n’avaient pas eu la chance comme lui d’en être revenu. En évoquant même leur souvenir, il imaginait pour eux ériger en quelque sorte « un monument aux morts symbolique ».