Elise Rivet (1890-1945)
Elise Rivet, Mère Elisabeth de l’Eucharistie à partir de 1913, fait le choix de l’engagement en résistance très tôt après l’armistice de 1940. Elle lie des contacts dans la région lyonnaise avec les membres du mouvement de résistance « Combat », cache les armes destinées aux patriotes, approvisionne ces derniers en faux documents, abrite des enfants juifs et déguise leurs mères en religieuses ! Elle côtoie le colonel Chambonnet alias Didier, résistant de haute volée et chef régional en R 1 (Lyon et alentours), et participe avec le Cardinal Gerlier, archevêque de Lyon, à la création les filières d’assistance aux Juifs persécutés.
Dénoncée, elle est arrêtée par la Gestapo le 24 mars 1944. Cette dernière ne parviendra pas à mettre la main sur les archives ultraconfidentielles de la Résistance pourtant mises à l’abri par Elise Rivet. Démarre alors le long parcours qui mènera Mère Elisabeth de la forteresse de Montluc jusqu’au fort de Romainville (1er juillet 1944), puis du camp de transit de Sarrebruck jusqu’au camp de Ravensbrück où elle arrive le 18 juillet. L’épreuve qui l’attend dès la descente du train à bestiaux est inattendue, et forcément très éprouvante. On lui retire de force son habit. Le choc est terrible. Tout juste parvient-elle à conserver son scapulaire. Physiquement éprouvée, elle essaye d’échapper aux travaux meurtriers des kommandos extérieurs, pour se faire affecter aux tâches d’entretien, plus compatibles avec son état. Cette situation présente indirectement un avantage pour son entourage. Elle consacre aux camarades les plus affaiblies toute son énergie spirituelle, et sans relâche, elle leur apporte chaleur, réconfort, et l’espoir d’un monde meilleur. Elle va au bout d’elle-même en prenant la place d’une jeune mère de famille désignée dans une sélection, et meurt gazée le 30 mars 1945, un mois précisément avant l’arrivée de l’Armée rouge dans le camp.
Andrée Rivière a témoigné de la place occupée par Mère Elisabeth dans le cœur de celles qui la croisèrent à Ravensbrück : « Elle était l’âme du camp. Dans cet univers de folie meurtrière, elle fut un pôle de sérénité et d’espérance, de présence aimante auprès de ses compagnes ».
A titre posthume, Mère Elisabeth recevra deux distinctions honorifiques témoignant de la valeur de ses choix. Tout d’abord lui sera attribuée le 10 novembre 1945 la Croix de guerre avec étoile pour « les services rendus aux services spéciaux de la Résistance et ses fréquentes relations avec l’Armée secrète, cachant des armes et donnant asile aux gens poursuivis comme étant en infraction avec les lois raciales ou avec le service du travail obligatoire ». Le 17 avril 1997, le Mémorial Yad Vashem la reconnaîtra Juste parmi les Nations, comme le fut d’ailleurs quelques années plus tôt le Cardinal Gerlier (15 juillet 1980).