LA MEMOIRE EN MARCHE
Libre, fidèle et indépendante. Jetée au vent de l'espérance, contre l'oubli et pour demain...

Maximilien Kolbe

Le 1er septembre 1939, la Pologne est envahie par les troupes allemandes, et le 5, la communauté dans laquelle vit le Père Maximilien Kolbe à Niepokalanow reçoit un ordre de dispersion. Le 19 septembre, les soldats allemands pénètrent dans le monastère et déportent les franciscains dans les camps de Lamsdorf, Amtitz et Ostrzeszow. Mais ceci n’est qu’un premier avertissement et les voici libérés le 8 décembre, autorisés à retourner à Niepokalanow. Malgré l’épuisement du à de terribles conditions d’internement, tous se lancent dans la reconstruction effrénée du site dévasté, guidés par un Maximilien qui ne baisse jamais les bras. Mais l’étau s’est à présent refermé. Il est devenu un ennemi du III ième Reich, d’abord pour avoir refusé la nationalité allemande que l’occupant lui proposait, ensuite pour avoir refusé de mettre au service des bourreaux son influence sur l’opinion publique polonaise. A la Gestapo venue l’arrêter le matin du 17 février 1941, il lance un « Loué soit Jésus-Christ » accueillant et plein de maîtrise.

 

D’abord enfermé dans la prison du Pawiak de Varsovie, il arrive au Camp d’Auschwitz le 28 mai. Les religieux n’y sont nullement ménagés, et comme le précise le message d’accueil : « Pour ceux d’entre vous qui sont juifs, vous avez droit à deux semaines de vie, les prêtres à un mois, le reste à trois mois… ».

 

 Etiquetés « parasites de la société » par les Nazis, on leur réserve un traitement spécial. Mais le matricule 16670 n’est pas un déporté comme un autre. Il réconforte, il prêche, il se consacre à son prochain. Il s’oppose à la haine, et cultive l’amour, encore davantage chaque jour. « Seul l’amour est créateur. Ces douleurs ne nous feront pas plier, mais elles doivent nous aider toujours davantage à être forts. Elles sont nécessaires pour que ceux qui resteront après nous soient heureux » explique-t-il  à l’un de ses compagnons de souffrance. Affecté à des taches lui demandant des efforts surhumains, ou placé entre les griffes de kapos sanguinaires, il ne se plaint jamais, encourageant ses semblables à ne tomber ni dans la haine ni dans le désespoir. Qu’il soit encore vivant en juillet relève d’ailleurs du miracle. Eu égard à sa fragilité physique, aux dégâts occasionnés par sa tuberculose, et aux effets conjugués de la malnutrition, du manque d’hygiène et de soin, et surtout des persécutions répétées, seule la foi pouvait expliquer ce miracle, seule la foi…

 

Entre  le 30 juillet et le 2 août 1941, à une date impossible à préciser, voici que le Commandant Fritsch rassemble les détenus du block 14, celui dans lequel le Père Maximilien vient d’être affecté. Depuis le début de l’après midi court un bruit, celui d’une évasion réussie, et chacun espère alors ne pas avoir à en subir les représailles habituelles. L’absent « malheureusement » appartient au block 14, et ils savent tous ce qu’il en adviendra.

 

Furieux, Fritsch annonce la couleur. Il s’est mis en tête d’envoyer dix détenus mourir de soif et de faim au bloc 11, dans le bunker des exécutions, et tout au long de la sélection, il jubile ouvertement de l’angoisse lue sur les 599 visages pétrifiés. Pourtant une fois son « œuvre » accomplie, un incident le détourne de son exercice final, le comptage obsessionnel des présents et des absents. Au milieu des condamnés et à la surprise de tous, un homme pleure, n’essayant même plus de retenir les larmes qui le submergent. « Ma femme ! Mes enfants ! ». Mais Fritsch n’est pas au bout de ses surprises. Dans les rangs, une ondulation… et le passage se fait pour  Père Maximilien qui le plus calmement du monde, se propose de prendre la place du père de famille. Fritsch le questionne, et exige une identité. Une seule réponse fuse. « Je suis un prêtre catholique ! ». Fritsch acquiesce, et rejette violemment l’homme sauvé dans son rang. Il se nomme Francis Gajowniczek, et il survivra à Auschwitz.

 

Jetés nus dans les ténèbres, mais portés par les paroles du saint qui ne les abandonne pas, les dix prisonniers partagent leur agonie jusqu’au 14 août 1941. Aux cris et aux pleurs de ses frères, Maximilien répond par la prière face à la mort qui se profile, transformant l’inhumanité du lieu en un sanctuaire d’apaisement et de foi. A la fin de la deuxième semaine de calvaire, les gardiens décident d’accélérer les évènements. Il ne reste en vie en cette veille de la fête de Marie, que quatre prisonniers dont Maximilien Kolbe. Ce sera en tendant lui-même son bras gauche au geôlier venu lui administrer l’injection fatale, et en le regardant droit dans les yeux, qu’il scellera sa victoire pour toujours. Celle de l’amour.

 

Le 10 octobre 1982, le Père Maximilien fut canonisé par son compatriote, le Pape Jean-Paul II, devenant ainsi Saint Maximilien Kolbe.

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