Geneviève De Gaulle (1920-2002)
2003 – Portrait de Geneviève de Gaulle-Anthonioz réalisé par son fils François Marie Anthonioz - Pays émetteur : France – Valeur faciale : 0,46 euros. Le timbre à date rappelle que Geneviève de Gaulle-Anthonioz était membre du Conseil économique et social.
Dès 1940 à Rennes, puis à Paris à partir de 1941 alors qu’elle est étudiante à la Sorbonne, Geneviève De Gaulle s’engage dans l’action résistante. Rédaction et distribution de tracts, missions de renseignement, et structuration de réseaux en particulier au sein du groupe Défense de la France la propulsent en première ligne. Elle tombe dans les mains de la milice le 20 juillet 1943, vraisemblablement victime d’une dénonciation.
Incarcérée dans la prison de Fresnes pendant 6 mois, puis ensuite à Compiègne, elle est déportée le 31 janvier 1944 avec le convoi dit des « 27 000 » du fait des numéros matricules attribués aux déportées à leur arrivée dans le camp de Ravensbrück.
Après trois jours de voyage, c’est l’enfer pour toutes ces camarades. Humiliations, maladies, sévices, travaux assassins, l’humanité et la féminité niées en elles. Pourtant elles résistent et tissent un réseau de solidarité dont l’amitié en constitue le ciment. Dès son arrivée cependant, le nom de famille de Geneviève cristallise la haine des SS. Le danger est alors imminent mais le matricule 27372 tient bon. Au vu de la tournure des évènements militaires, Himmler avait imaginé pouvoir négocier avec les Alliés. Dans cet objectif, Geneviève de Gaulle avait été enfermée en isolement total. Cette option se révèlera vaine. Remise à la Croix Rouge à la frontière suisse en avril 1945, elle sera récupérée par son père en poste au Consulat de France à Genève.
L’empreinte laissée par cette expérience concentrationnaire guidera les choix de Geneviève de Gaulle-Anthonioz dès son retour. Tout d’abord c’est vers ses camarades rescapées qu’elle se tournera, et avec Marie-Claude Vaillant-Couturier, elle posera les fondations de l’Association des anciennes Déportées et Internées de la Résistance, dont elle deviendra la présidente en 1958. Cette même année, elle fera connaissance du Père Joseph Wresinski qui lui fera découvrir un monde ignoré, celui de l’extrême pauvreté. Il lui fait visiter le bidonville de Noisy-le-Grand dans lequel elle retrouve, dans les regards des habitants ainsi que dans le dénuement de leur cadre de vie, la même humiliation qu'à Ravensbrück. Le choc est immense, et elle y trouve un sens supplémentaire à donner à sa vie: allier les valeurs de la résistance à la lutte contre la misère, pour elle "un combat contre l'injustice et pour les droits de l'Homme". Ce combat l'amènera jusqu’à l’Assemblée Nationale où en 1998 elle fera adopter une loi contre les exclusions. Elle sera présidente de l’association ATD-Quart Monde de 1964 à 1998.
Geneviève de Gaulle-Anthonioz fut la première femme à être élevée au grade de Grand-croix de la Légion d’honneur (1997).