Danielle Casanova (1909-1943)
1983 – Timbre en hommage à la femme consacré à Danielle Casanova – D’après le portrait réalisé par Huguette Sainson (1929-2011), illustratrice de renom - Pays émetteur : France. Valeur faciale : 3 francs.
Installée à Paris en 1927 pour ses études en chirurgie dentaire, la jeune étudiante corse adhère rapidement à l’Union Fédérale des Etudiants pour s’engager avec conviction dans l’action politique et sociale. C’est là qu’elle rencontre son futur époux, Laurent Casanova.
En février 1934 à la direction des Jeunesses communistes puis en 1936 au secrétariat général de l’Union des Jeunes Filles de France (UJFF), elle ancre ses engagements dans la modernité et la lutte visionnaire. Exhortant « toutes les sœurs antifascistes, toutes les amies de la liberté et de la paix » à se dresser ensemble contre l’ennemi, et affirmant que « la conquête du bonheur pour la femme est liée à son libre épanouissement dans la société, condition nécessaire du développement du progrès social », elle gagne une notoriété internationale jusqu’aux USA où elle participe au congrès international de la jeunesse pour la Paix (New York,1938). Début 1939 prenant conscience des enjeux en Espagne, elle met sur pied une campagne de parrainage des enfants de Madrid terrorisés sous les bombes, doublée d’une collecte de lait à leur intention. Dans un article prémonitoire publié en février 1939, elle écrira : « La victoire de l’Espagne républicaine sera la victoire de la démocratie et de la paix. Sa défaite pourrait sonner pour notre pays le glas de la servitude et de la mort ».
En septembre 1939, l’interdiction qui frappe le Parti communiste la pousse dans la clandestinité, alors que simultanément s’engage une véritable chasse à l’homme orchestrée par la police française, alliée zélée de la Gestapo. Victime d’un vaste coup de filet le 15 février 1942 alors qu’elle ravitaille Georges Politzer, philosophe communiste d’origine hongroise, elle est interrogée pendant de longues semaines à la préfecture de police. Durant cette période, son frère André, contrôleur civil au Maroc, aurait joué de son influence pour obtenir son déplacement vers une prison située en zone sud, sans succès, et certainement sans l’assentiment de Danielle qui ne désirait nullement « abandonner » ses camarades. D’abord emprisonnée à la Santé le 23 mars 1942, livrée ensuite à la Gestapo le 9 juin, elle rejoint le Fort de Romainville le 24 août, geôle qu’elle ne quittera que le 24 janvier 1943, date de sa déportation vers le camp d’Auschwitz-Birkenau. 230 femmes âgées de 17 à 69 ans constituent son convoi dont seules 49 survivront. Parmi ses camarades se trouvent Marie Claude Vaillant-Couturier qui rejoindra Ravensbrück en août 44, Simone Sampaix, et Charlotte Delbo.
A son arrivée le 27 janvier, le groupe prend la direction du block 26 à Birkenau sauf Danielle qui quitte ses amies, répondant à la sollicitation d’une surveillante SS à la recherche d’une dentiste pour le Revier, l’infirmerie. Comme ses camarades, elle se voit tatouer sur l’avant-bras gauche une nouvelle identité. Pour elle, le numéro matricule 31655.
Sa trajectoire particulière place sur son chemin des déportées communistes ayant eu connaissance de ses activités politiques en France. On lui confie alors des informations clés sur le fonctionnement de ce camp abominable, ainsi que sur l’organisation de la résistance à l’intérieur de son enceinte. De la sorte, elle apporte une aide précieuse à ses compatriotes malades, aide morale faite d’encouragements dans l’épreuve, mais également aide médicale en leur prodiguant des soins malheureusement rudimentaires. Les unes après les autres, les camarades disparaissent, victimes des sélections et du gaz, mais aussi victimes de la maladie qui effraye tant les SS, véhiculée dans les camps par les poux qui y pullulent, le typhus. Danielle fait de son mieux, mais le combat reste inégal. Il faut un miracle pour Marie Claude Vaillant-Couturier alors qu’en ce mois d’avril 1943, plus de 500 déportées disparaissent chaque jour.
Danielle quant à elle finit par payer de sa vie un engagement et un sens de la solidarité sans faille. Ses innombrables interventions auprès des plus gravement touchées et donc des plus hautement contagieuses l’exposent inéluctablement. Et ce ne sera pas la vaccination réservée bien tardivement pour elle par un médecin chef du Revier intéressé à la maintenir en vie pour sa seule « utilité » qui y changera quoi que ce soit. En une semaine environ, Danielle est emportée par le mal. Elle décède le 9 mai 1943, à l’âge de 34 ans.
1962 - Série des antifascistes internationaux, Danielle Casanova - Dentelé 14 - Pays émetteur : République Démocratique Allemande – Valeur faciale : 5 pfennig (+5).