LA MEMOIRE EN MARCHE
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Witold Pilecki (1901-1948)

2008 – Entier postal polonais commémorant le 60ème anniversaire de la mort de Witold Pilecki

 

Witold Pilecki est né en territoire russe d’une famille polonaise. De cette situation forcée naîtra grâce à son père une volonté inébranlable de résister, de se souvenir, et de s’engager dans des combats justes.

La Pologne ayant été envahie par les forces allemandes en septembre 1939, Witold Pilecki participe à la création à Varsovie de l’Armia Krajowa (AK), l’armée intérieure de la résistance. Rapidement (printemps 1940), des informations circulent au sujet d’un camp regroupant les militaires polonais vaincus et les opposants à l’envahisseur allemand, camp à l’intérieur duquel ces prisonniers subiraient des traitements très spéciaux. Witold Pilecki comprend instinctivement que là-bas aussi, dans ce camp appelé Auschwitz, il faut amener une force de résistance. Il imagine franchir la porte du camp volontairement et c’est donc ce projet ahurissant que Pilecki fait accepter à ses supérieurs.

Le 19 septembre 1940 à l’aube, sous une fausse identité afin de brouiller les pistes, Pilecki se fait arrêter délibérément à l’occasion d’une rafle encadrée par les SS et les soldats de la Wehrmacht. Le plan fonctionne puisqu’après un court séjour en prison, il rejoint le camp d’Auschwitz le 21 septembre pour devenir le matricule 4859.

Witold Pilecki débute rapidement la structuration d’un réseau clandestin organisé autour de cellules de cinq personnes, indépendantes les unes des autres, activées à l’intérieur du Revier et du Bureau de la répartition de la main d’œuvre. Outre le maintien du moral et la distribution de vêtements et d’aliments auprès des camarades, Witold Pilecki ne perd pas de vue deux autres objectifs : transmettre des comptes-rendus sur les événements du camp auprès des forces de résistance extérieures, et se préparer à une éventuelle action militaire. En novembre 1940, il parvient à faire sortir du camp son premier rapport à destination des ennemis du Reich. Le document arrivera bien à Londres le 18 mars 1941.

Au début de l’année 1943, un coup d’arrêt s’abat sur les différents réseaux de résistance du camp. Pilecki ne baisse pas les bras, et décide de s’évader d’Auschwitz. Il réussit dans son entreprise et s’enfuit dans la nuit du 26 au 27 avril 1943. Reprenant contact avec  l’Armée intérieure polonaise, il croit pouvoir faire stopper les exactions par ses rapports, mais même les Alliés les qualifient d’exagérés. Sa déception est énorme. Il connait ensuite les combats contre les nazis et l’échec de l’insurrection de Varsovie en août 1944, qui lui coûte sa liberté jusqu’à la fin du conflit. La nouvelle Pologne ne correspond en rien aux idéaux qui guident ses pas. Sous le nouveau pouvoir soviétique, il découvre l’élimination pure et simple de ceux qui d’une manière ou d’une autre sont identifiés comme dangereux. Pilecki est désigné lui aussi comme dangereux. Le 8 mai 1947, il est arrêté, torturé. Ses aveux ne sont pas des aveux et son procès n’est qu’une mascarade. Il est assassiné d’une balle dans la nuque le 25 mai 1948.

Le nouveau pouvoir communiste de Varsovie ne put tolérer que la mémoire collective conserve la trace de ce héros insoumis. Il fit tout pour en effacer le moindre souvenir. Et ce ne fut qu’à la chute du mur de Berlin que Witold Pilecki ressurgit du passé grâce aux ardents défenseurs de sa mémoire que furent Lech Walesa et Lech Kaczynski, tous deux Présidents de la République de Pologne.

Personne ne sut jamais où fut enterré le corps de Witold Pilecki. A ce propos, sa fille Zofia déclara en 2003 : « J’ai souhaité pendant des années déposer un cierge sur la tombe de mon père. Mais je sais aujourd’hui que je n’ai pas besoin de tombe. Mon père était un grand patriote, il a tant aimé la Pologne qu’il a accepté pour elle le plus grand des sacrifices. Sa tombe, c’est la Pologne tout entière ».

2009 – Les survivants des camps de concentration, Witold Pilecki (1901-1948) – Dentelé 11½ x 11¼ - Pays émetteur : Pologne – Valeur faciale : 1,45 Zl.

 

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