LA MEMOIRE EN MARCHE
Libre, fidèle et indépendante. Jetée au vent de l'espérance, contre l'oubli et pour demain...

A chacun son dû

A chacun son dû

« Redresse-toi, mon camarade,

Ou gare aux durs coups de gummi,

Quand le SS fait sa parade,

Un häftling doit être soumis.

Sur ton squelette quelques fripes,

Le tout zébré en bleu et gris.

Qu’importe, sans rien dans les tripes,

Tiens bien droit ton corps amaigri.

Hartung, c’est le SS qui passe

Mais qu’as-tu donc, mon pauvre vieux

A t’effondrer comme une masse,

A trembler, à fermer les yeux ?

Hélas ! Adieu mon camarade,

Toi qui as juste trépassé,

Tu n’iras plus à la parade :

On brûle les pantins cassés ».

Poème L’appel des robots - Février 1945

Gustave Leroy est né le 24 décembre 1905 à Dinan. Il est déporté dans le camp de Dora par transport au départ de Compiègne le 17 janvier 1944. Il y sera libéré le 11 avril 1945. Son numéro matricule était le 39494.

« A chacun son dû » est un recueil de poèmes dont l’histoire n’est pas commune.

C’est à la fin de l’année 1944, après 11 mois d’enfermement dans les tunnels de Dora que Gustave Leroy démarre l’écriture de ses poèmes. Affecté à la réalisation de pancartes et autres signalisations depuis peu, il s’évade de son triste quotidien par l’écriture, bien entendu clandestine. Une manière de lutter comme il l’indique contre la souffrance morale. Sentant la fin de la guerre se rapprocher, il décide en mars 1945 afin de les sauver, de recopier ses poèmes dans un petit carnet, tâche qu’il n’achèvera pas car malade, il prend la direction du Revier. Il confie alors à l’un de ses camarades une musette contenant tous ses écrits. A son retour en France, il découvre que cette musette s’est en fait perdue dans la débâcle finale de Dora. De mémoire, il réécrit immédiatement l’ensemble de ses poèmes inscrits à jamais dans son âme.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Les écrits originaux retourneront en effet dans les mains de leur auteur. En 1960, alors qu’il écoute Radio-Luxembourg il entend un ancien déporté de Dora qui témoigne et lance en conclusion de son intervention un appel à celui qui aurait pu écrire les poèmes qu’il avait réussi à sauver. C’est un véritable miracle. Au même moment, Gustave Leroy est à l’écoute de Radio-Luxembourg.

A la demande des familles et des survivants, et surtout par devoir vis-à-vis des camarades disparus, Gustave Leroy acceptera de publier ces écrits. Et c’est aujourd’hui sous forme de fac-similés que l’on trouve dans l’ouvrage « A chacun son dû », l’ensemble des poèmes écrits entre noël 1944 et mars 1945. En voici un exemple intitulé « Anticipation » :

A chacun son dû

A chacun son dû – Gustave Leroy – Ateliers LACER (Paris), 1962

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