LA MEMOIRE EN MARCHE
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Camp de Buchenwald

Célébration du 30ème anniversaire du Mémorial de Buchenwald - Timbre émis en 1988 représentant le groupe allégorique de Fritz Cremer – Dentelé 14 – Pays émetteur : République Démocratique Allemande – Valeur faciale : 10 pfennig. Pièce de monnaie commémorative incluse dans le document.

Lorsqu’en 1949 la zone d’occupation soviétique disparaît pour devenir la République Démocratique Allemande (RDA ou DDR), les dirigeants est-allemands trouvent dans l’antifascisme un argumentaire aisé pour alimenter l’identité héroïque de la nouvelle nation. Le train idéologique raccroché aux symboles absolus que constituent les camps encore fumants, il ne restait plus aux mots qu’à faire le reste du chemin. Ainsi fut inventé le concept de Nationale Mahn-und Gedenkstätte, littéralement lieux d’exhortation et de souvenir.

Implanté dans l’ex-zone soviétique, le site de Buchenwald est choisi pour devenir le plus emblématique de ces mémoriaux. Placés sous l’influence du style monumental propre à l’URSS, les plus grands artistes et architectes du pays sont ainsi invités à rejoindre un chantier gigantesque embrassant un périmètre largement supérieur à celui du camp initial. Au final, des décors pharaoniques et des mises en scène symboliques voire mystiques accompagnent les visiteurs le long d’un parcours initiatique démesuré, jusqu’au sommet d’une colline verdoyante dominée par un campanile de 45 mètres de hauteur. Aux pieds de celui-ci et face à Weimar, se déploie le célèbre Buchenwald Gruppe.

Inspirée des Bourgeois de Calais d’Auguste Rodin, l’œuvre maîtresse de Fritz Cremer (1906-1993) fait l’objet de nombreuses critiques bien avant son inauguration, non pour des considérations esthétiques ou artistiques, mais en lien avec des interprétations idéologiques et donc politiques de l’œuvre. Pour défendre son Groupe de Buchenwald, Fritz Cremer explique s’être appuyé sur la réalité du camp, la dureté de la vie quotidienne, les injustices, les brimades, la faim, la mort toujours présente, le désespoir mais aussi la camaraderie et la foi en l’homme, la lutte et la résistance, ceci afin de délivrer un message universel. Fritz Cremer ne fut finalement jamais mis en cause personnellement sur son engagement politique. Parce qu’il sut se cantonner au seul domaine qui lui tenait à cœur, celui de la liberté de création, en sachant que rien ne pourrait empêcher la récupération propagandiste de son œuvre, et donc son instrumentalisation.

Les chiffres de Buchenwald : Entre 1937 et 1945, 266 000 personnes furent enregistrées dans le complexe concentrationnaire constitué par Buchenwald, camp principal, et ses 136 kommandos. Toutes les catégories possibles de déportés étaient présentes en ces lieux : les antinazis allemands, les asociaux, les Juifs, les Témoins de Jéhovah, les Sinti et Roms, les prisonniers de guerre soviétiques, les homosexuels, les résistants des pays occupés. Le 11 avril 1945, ce furent les déportés membres de l’organisation interne de résistance du camp qui accueillirent les soldats de la 3ème Armée américaine, les SS ayant quitté les lieux à leur approche. Il restait encore dans le camp 21 000 détenus. 900 étaient des enfants et des adolescents. Le nombre final de victimes est estimé à 56 000.

Carte Maximum datée du 8 septembre 1956 – Clocher surplombant le futur mémorial de Buchenwald (celui-ci sera inauguré en 1958).

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