LA MEMOIRE EN MARCHE
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Martyrs

« C’est avec émotion que j’ai pris connaissance de ce témoignage dont la publication rappellera aux Français de combien de souffrances il fallut payer la libération de notre pays » - Charles de Gaulle.

Marcel Naas a été arrêté le 1er août 1940 par la Gestapo en Alsace annexée, accusé d’avoir organisé des réunions antifascistes depuis son retour de la Guerre d’Espagne. Il s’était en effet engagé dans ce conflit qu’il voyait comme les prémices d’un renversement moral de l’Europe toute entière. Désireux de lutter contre le mal naissant, il y occupa durant deux années (1936-38) un poste de commandement dans la compagnie sanitaire de la 14ème brigade, « La Marseillaise ». A la fin du mois d’août 1940, il fut transféré au camp de Schirmeck puis rejoint le 11 décembre de la même année le camp de concentration de Dachau. Il y survivra durant plus de 4 années sous le matricule 22176.

A son arrivée, il subit avec ses camarades alsaciens un traitement particulier. S’obstinant à se présenter comme français, Marcel Naas sera systématiquement maltraité, ses geôliers le considérant comme un « Allemand du Reich ». Du fait de son passé de brigadiste, il était à leurs yeux doublement suspect de résistance, allant même jusqu’à le qualifier « d’ennemi d’état ». S’il eut à travailler dans des kommandos très pénibles du point de vue physique durant ses premiers mois de déportation, il fut affecté finalement à l’infirmerie du camp. La souffrance n’y était pas moindre. Il y fera la rencontre du Général Delestraint, et le récit que fait l’auteur de leur séjour partagé constitue un moment des plus émouvants de son ouvrage :

« Je l’ai soigné pendant des semaines entières à l’infirmerie. Sachant qu’on voulait le traduire devant un tribunal de guerre, j’ai truqué sa feuille de température. De ce fait, j’ai pu le garder longtemps avec moi. Lorsque je fus atteint de pneumonie, ce fut le Général Delestraint qui me soigna avec la même tendresse que si j’avais été son fils. Il était l’ange gardien des malades et faisait les travaux les plus répugnants, consolait les souffrants et adoucissait les derniers moments des mourants. Après ma guérison, il a dû quitter l’infirmerie et je ne pus malheureusement plus le retenir. Il était si heureux lorsqu’il avait appris que le débarquement en France était devenu réalité. Combien il s’était réjoui de retourner dans sa France chérie. Mais hélas, il ne devait plus revoir le ciel bleu de la douce France. Le Général Delestraint fut assassiné par les SS à l’aube de la victoire, 15 jours avant l’arrivée des Américains ».

Le Général Delestraint étant un ami intime du Général de Gaulle, on comprend l’émotion que put ressentir ce dernier à la lecture du témoignage de Marcel Naas (cf première de couverture).

Dans ce court récit d’à peine 47 pages rédigé dans les semaines suivant le retour du camp, Marcel Naas témoigne non seulement par l’écrit mais nous donne également à voir 12 dessins tout autant bouleversants. C’est aussi là que l’on trouvera la valeur mémorielle du propos.

Martyrs de Marcel Naas – Edité par l’Imprimerie UNION (Mulhouse, 1945)

La chambre à gaz.

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